De nombreuses questions se posent sur notre alimentation, comment est-elle faite, de quoi est-elle composée ou encore d’où vient-elle ? En s’interrogeant sur l’origine des produits, on cherche seulement à connaitre la provenance en remontant au producteur.
Mais pourquoi n’irions-nous pas plus loin, en ayant connaissance des semences agricoles utilisées ?
De nos jours, les agriculteurs sont bien loin des paysans traditionnels d’antan, où les termes “productivité” et “rentabilité” ne faisaient pas parti du paysage rurale. Une course à la production massive s’est engagée depuis plusieurs années et les solutions pour y faire face risqueraient d’être lourdes de conséquences.
Comment est-on passé du paysan à l’exploitant industriel ?
Aux origines, les semences végétales étaient libres d’exploitation. Autrefois elles étaient gérées par les paysans, qui les produisaient directement et se les échangeaient entre eux.
En 1932 la France crée le “Catalogue des espèces et variétés de plantes cultivées” pour encadrer la vente des différentes variétés de semences et protéger le consommateur, en lui assurant l’identité de ce qu’il achète.
Après la seconde guerre mondiale, la France cherche à reprendre son indépendance alimentaire et à intensifier sa productivité. C’est alors que l’INRA (Institut Nationale de la Recherche Agronomique) se tourne vers la solution de trouver différentes variétés végétales, qui permettraient de meilleurs rendements.
De nouvelles variétés dites “hybrides” sont ainsi conçues.
L’objectif étant de créer une homogénéité parfaite de culture du produit, pour assurer un meilleur rendement de production, des croisements de variétés végétales sélectionnées pour leur caractéristiques complémentaires, ont été développées par les semenciers.
Le principe des graines hybrides est de répondre à la demande industrielle, en certifiant une culture standard des produits clonés, où les végétaux auront le même aspect visuel et un gabarit identique, pour une production plus rentable.
A cette époque, les agriculteurs satisfaits par ces solutions plus économique, se sont formalisés à ces nouvelles semences hybrides et en 50 ans la production agricole française a doublé, avec une productivité multipliée par six.
Quel est le catalogue officiel ?
Aujourd’hui en France, le catalogue officiel des espèces et variétés compte plus de 9000 variétés appartenant à 250 espèces.
Toutes les semences inscrites dans ce catalogue ont été agrées par le GEVES, qui est en charge d’accorder un certificat d’obtention végétale pour chaque graine répertoriée.
Les semences sont donc classifiées dans ce catalogue, avec entre autres le “type variétal” qui permet de savoir si les graines sont hybrides ou non, ainsi que le nom de “l’obtenteur“, qui est donc le propriétaire de la semence.
Nous avons parcouru ce catalogue et avons pu constater que sur 85 variétés de carottes proposées, 76% sont des graines hybrides.
Mais surtout, nous avons été étonnés de découvrir que 100% des 282 variétés de pommiers sont exclusivement des clones, que les 1229 variétés de maïs sont toutes hybrides sauf une et que la mention “inconnu” est stipulée pour les 223 variétés de pommes de terre de consommation.
Au final, qui récolte les fruits des semences ?
Aujourd’hui les conséquences de cette surproductivité deviennent un enjeux majeur dans l’économie et l’alimentation mondiale. En 100 ans, ce sont près de 75% des graines cultivées qui ont disparues et la biodiversité se voit donc menacée par cette mise sous contrôle.
La création de ces semences hybrides a permis aux semenciers de breveter leur graines et par conséquent de devenir propriétaire de notre alimentation.
Pour créer ce nouveau marché, la solution fut de rendre stérile les graines, pour qu’elles puissent produire qu’une seule fois et créer le besoin chez l’agriculteur. En France, les agriculteurs sont finalement dans l’obligation d’acheter leurs semences agricoles dans le “catalogue officiel des espèces et variétés” et de verser des royalties aux semenciers.
Si un agriculteur produit ses propres semences, il lui ait interdit de les revendre ou même de les donner, mais surtout de commercialiser les produits issus de ses plantations. Ils deviennent alors tributaires des semenciers, qui fixent les prix de vente de leurs graines.
En exerçant les droits de propriétés industrielles, les semenciers se sont “appropriés le vivant” et en interdisant aux agriculteurs de commercialiser leur propres graines, ce sont de nombreux groupes industriels qui se sont emparés du marché.
Et parmi eux les 5 leaders que l’on retrouve sont :
- MOSANTO – USA
- DUPONT PIONEER – USA
- LIMAGRAIN – France
- SYNGENTA – Suisse
- BAYER – Allemagne
Quels sont les risques de ce monopole ?
L’encadrement des semences agricoles se voit régie par de grands groupes industriels, qui par conséquent décident ce que nous mangeons.
Le gouvernement Norvégien a construit en 2008 le Svalbard Global Seed Vault, une chambre forte souterraine, qui constitue la plus grande réserve mondiale des graines de plantes nourricières. L’objectif de cette forteresse est de sauvegarder l’ensemble des graines cultivées sur la planète, pour recréer la biodiversité en cas de guerres ou catastrophes naturelles.
Cependant, les graines conservées sur du long terme, perdent leurs capacité de germer et de ce fait, seule leur séquence génétique pourrait être profitable.
Sur les 8 millions de dollars investi sur ce projet, on retrouve parmi les donateurs les multinationales semencières : Dupont Pioneer et Syngenta, mais aussi la fondation Bill et Melinda Gates, qui est l’un des actionnaire de Mosanto.
Etant ceux qui ont crée la monoculture et pris le monopole, la question se pose de savoir si cette biodiversité serait-elle réellement recréée et si oui, elle serait donc assurément génétiquement modifiée.
Existe-t-il des alternatives ?
Malgré la législation imposée aux agriculteurs, il existe encore des graines libres de droits. Plusieurs associations, dont Kokopelli, font volte face en aidant les agriculteurs à se procurer des graines bios et reproductibles.
Et si l’on constate notre évolution alimentaire actuelle, où l’offre des produits Bio, Végétariens et Sans Gluten se développe, on se rend compte qu’au final l’offre répond à la demande. C’est donc aux consommateurs de réagir.
Alice aime cuisiner depuis qu’elle a six ans, lorsqu’elle a commencé ses premiers déserts. Elle s’est spécialisée au fil des ans en recettes de cuisine maison.
Après des années de travail professionnel, elle est maintenant mère au foyer de trois enfants et passe son temps à essayer de nouveaux plats dans sa cuisine. Alice marche dans les pas de Mamité, et partage ses expériences de petits plats et astuces de cuisine.